MAYHEM : le groupe norvégien qui popularisa le black metal

Mayhem, sans Varg Vikernes

La Norvège : ses paysages, son système éducatif, sa culture, ses incendies, ses meurtres,… Depuis les années 2000, les partis d’extrême droite scandinaves, comme le Parti du Progrès norvégien, sont devenus d’importants pôles politiques allant jusqu’à briguer les plus hauts postes de pouvoir. Nous pouvons retrouver des appartenances politiques à ces partis chez certains artistes et à travers une culture musicale spécifique à la Scandinavie : Le Black Metal. Cette musique eu un rôle dans la médiatisation des idéologies extrémistes et, paradoxalement, cette même médiatisation a popularisé le Black Metal et lui a conféré une identité.

Je vous propose dans cet article de comprendre par quel biais l’essor de ce sous-genre et des idées politiques extrêmes en Norvège ont eu lieu en nous intéressant à travers le parcours chaotique du groupe norvégien de Black Metal Mayhem.

Un sous-genre à contre-courant

La musique Metal scandinave a connu une grande popularité dans le monde au milieu des années 1990, principalement en Norvège, grâce à la mouvance qu’est le Black Metal. Ce sous-genre a pour caractéristiques d’être très frénétique. Il en résulte un chant crié ou hurlé très inconfortable, des guitares électriques extrêmement saturées, des enregistrements audio de basse qualité et l’écriture de textes revendicatifs, politiques, religieux ou anticléricaux, principalement utilisés dans la scène sataniste et la scène pronazis du Black Metal, des scènes prenant part, en partie, à l’identité de cette musique.

Des personnalités marquées

Le groupe norvégien Mayhem, créé en 1984, fut l’un des pionniers du genre. Originaire d’Oslo, le groupe n’avait pas énormément de prétentions, c’était un groupe de lycéens qui se réunissaient afin de jouer de la musique. L’histoire de ce groupe prit un tournant irréversible lors de l’arrivé de chanteur Per Yngve Ohlin, surnommé « Dead », et de la mort de celui-ci. En effet, Dead était atteint du syndrome de Cotard. Une maladie psychiatrique où le sujet croit que ces organes vitaux pourrissent de l’intérieur voir qu’ils ont cessé de fonctionner. Il se suicida à vingt-cinq ans, le 8 avril 1991, en se tirant une cartouche de fusil dans le crâne et prit alors l’initiative de prendre des photos du suicide.

A gauche : Dead, chanteur du groupe Mayhem .

A droite : Euronymous, guitariste et fondateur du groupe

Une publicité meurtrière

Le comportement d’Euronymous, voulant profiter de cet événement pour accroître sa renommée, énerva grandement les membres du groupes jusqu’à ce que Varg Vikernes, alors second guitariste du groupe, le poignarde à mort en 1993. Ce dernier écopera alors de vingt-et-an de prison, pour son meurtre mais aussi parce qu’il avait brûlé des églises norvégiennes et que la police avait trouvé 150 kilogrammes d’explosifs et trois milles cartouches de munitions à l’intérieur de son appartement.

Varg Vikernes à son procès

Les incendies des églises norvégiennes furent des événements fondateurs de cette scène. Plus de 50 incendies d’églises furent déclarés en 1992 et 1996, majoritairement des églises en bois du XIIème siècle. Ainsi, dû à la médiatisation de ces faits, ces idées se sont propagées dans le monde scandinave, elles furent renforcées et des militants se regroupèrent. Cependant, les adhérents à ces idées vivent rarement en dehors du monde Scandinave.

Mais malgré l’ampleur de ces événements dramatiques, il y eu un développement culturel considérable grâce à la médiatisation de cette musique créés en Norvège, à tel point que l’on peut retrouver des groupes de Black Metal mongols, philippins, sud-africains, brésiliens, français,… qui créèrent les nombreux sous-genres du Black Metal comme le Blackgaze, le Pagan Metal ou le Black Metal symphonique.

Affiches du festival Beyond the Gates 2023       Maxwell : Youtubeur parlant de musique Metal

En plus des concerts, des événements culturels d’une plus grande ampleur furent crées autour du Black Metal comme des festivals comme le ORGIVM SATANICVM ou le festival Beyond the Gates et cela inspirera toute une communauté de vidéastes amateurs sur Youtube, afin de raconter ces événements historiques et de partager leur passion pour ces communautés et leurs événements culturels. Ce qui peut paraître comme des événements horrifiques a fait apparaître des identités culturelles, et une fierté de s’en revendiquer, sans pour autant adhérer politiquement aux idées premières ayant façonnées ces cultures ( c’est l’anticonformisme qui est alors revendiqué ). Idées premières qui, aujourd’hui, sont toujours présentes mais moins populaires que dans les années 1990.

Un livre et un film ayant tous deux le même nom : « Lords of Chaos », ont été consacrés à ce phénomène et, notamment, à l’histoire de Mayhem